1400 km : Shake & Bake jusqu’à Litang

Bonjour! Nous sommes maintenant à Litang, une assez énorme ville de 50 000 personnes. Ce matin après quelques emplettes, vêtus d’accoutrement dans la gamme “pyjama” et arborant un air parfaîtement pouilleux, nous avons fait les wedding crashers en entrant par curiosité dans une grosse salle où il semblait y avoir des festivités. À l’entrée on nous a offert des bonbons que nous avons refusés et puis, avant qu’on puisse cligner de l’oeil, on nous a pris par les manches et on nous a monté au deuxième étage, à travers quelques salles avec plein de beaux gens, de la bouffe et de la musique, et on nous a flanqué presque de force sur le banc d’honneur devant le marié, la mariée et leur famille vêtus de costumes aussi magnifiques que compliqués, ornés de grands bijoux d’ambre, d’ornements dorés dans les cheveux, et pour les gars un énorme bâton ou épée enveloppé dans du beau tissu en travers de leur taille. Malgré la table débordante de nourriture et de friandises qui nous séparait, on a couru nous amener des petits bols de momos, du thé tibétain et des baguettes (qu’on n’a pas touchés non plus parce qu’on venait de se gaver de friture) et plusieurs gens sont venus trinquer leur thé avec nous en passant saluer les nouveaux mariés. C’était une scène assez extraordinaire et tout le monde semblait très amusé et aucunement mal à l’aise de nous voir là, et on aurait probablement pu rester pendant des heures à nous gaver d’innombrables nourritures et fumer des centaines de cigarettes empilées en jolies montagnes sur des plateaux des serveurs, ainsi que boire des tonneaux de bière et nous sucrer la dent de gâteaux et de bonbons. Tout était vraiment beau et il y avait au moins deux cents personnes dans les différentes salles, et nous nous sommes laissés fasciner un bon dix minutes avant de remercier tout le monde et continuer notre trotte sous la pluie dans nos pyjamas. Évidemment pour cette occasion je n’avais pas ma caméra mais parfois c’est la vie et on ne peut pas partager l’image, mais c’est dommage!

Passons maintenant aux évènements cyclistes.

Nous avons enfin quitté Ganzi, la ville pleine de police et d’armée ou on devait se cacher constamment, après avoir retrouvé Omo notre ange gardienne qui nous a patiemment fait visiter toute la ville et le monastère en répondant à nos mille questions. Nous en avons appris plein sur les moines et les temples et le bouddhisme, et nous étions enveloppés d’un heureux sentiment de paix – il semble que cette religion veut que tout le monde soit gentil et pense aux autres et n’impose pas ses croyances à personne et plein de belles choses. Omo nous a fait savourer notre visite de Ganzi avec plein de plaisir et de reconnaissance.

Un des monastères (que plein de gens et enfants du village avaient aidé à rebâtir)

Omo et Sigurd observant chose et autre

 

Le picnic – occupation préférée des tibétains d’un bout à l’autre du pays

 

Omo et moi

 

 

Quelques kilomètres passé Ganzi, dans un village qui s’appelle pertinnement Satan (ou Shatan?), nous nous sommes fait arrêter par la police qui nous a offert des cigarettes, essayé nos vélos et nous a amené à l’intérieur humer leur fumée et écouter leur conversation téléphonique ni hao avec le grand boss. On nous a ensuite dit qu’il fallait qu’on rebrousse chemin – la route vers Litang était fermée pour nous. Nous avons passé un bon vingt minutes à leur expliquer et leur mimer notre besoin d’absolument aller dans cette direction – je pointe vers ma montre pour dire qu’on a pas le temps de nous rendre jusqu’au Laos, Sigurd pointe vers sa morsure de chien et sa montre pour dire qu’il a pas le temps de survivre jusqu’au prochain vaccin etc. etc, pendant que des voitures passantes se faisaient fouiller en quête d’étrangers. Le problème était Xinlong, une ville à environ 80 km plus loin sur notre chemin ou en 2010 il y avait eu une énorme révolte tibétaine et qui est absolument strictement interdite aux étrangers depuis ce temps. Après avoir assuré la police qu’on n’avait tellement pas le temps de rien qu’on allait directement pédaler les 250 km jusqu’à Litang sur des routes de campagne dans les 4 heures de clarté qui restaient à la journée, sans aucune pause parce qu’on avait trop pas le temps, nous avons été relâchés dans la direction désirée.

À mi chemin nous mangeons quelques nouilles dans ce mini bled plein de gentilles personnes comme d’habitude. Ici on observe notre préparation d’un Cup a Soup

 

 

un petit moine attendant son lift en moto

 

 

le plus beau gars vu en Chine jusqu’à présent, hands down!!!

 

on a l’air de Médecins Sans Frontières tout en ne faisant aucun bien dans le monde

 

 

un gars qui a passé au moins une demi heure sur mon vélo! il a dit qu’il va venir avec nous!

 

 

sur un banc dans l’ombre se réfugie tout le village

 

Autre village pour acheter plus de biscuits

 

la première moitié de notre chemin vers Litang se passe dans une super jolie vallée étroite le long d’une large et sinueuse rivière. Tout est vert et beau!

 

 

avec des monastères partout partout

 

 

je n’arrive pas à garder une seule peau malgré toute la crème solaire appliquée

 

malhereusement nous ne pouvions pas visiter ce superbe monastère à cause de notre pas le temps, comme cité plus tôt

 

on dirait que c’est le temps de sécher les herbes

 

 

les maisons sont un peu différentes dans ce coin de pays – des palais en terre et en bois énormes

 

 

la belle vallée toujours

 

 

incroyablement c’est la première fois en un mois et demi que nous décidons de nous baigner dans la rivière

 

 

encore la jolie vallée

 

 

 

 

autre village, autres snacks

 

 

 

 

autre monastère… ouain scusez la monotonie. C’est obligé, comme l’inventaire de tous les animaux dans le zoo de Singapour

 

suite de la jolie vallée

 

à la fin d’une autre journée (toujours vraiment pas arrivés à Litang!) nous tombons sur ce monastère auquel nous ne pouvons résister

 

 

que de travail

 

 

enfant du monde

 

 

 

Sigurd fait fureur

+ de jolie vallée

 

+ de jolies maisons

 

++

 

 

vu que ça faisait trois jours qu’on pédalait vers Litang “en une journée” et qu’il y avait pas vraiment d’autres endoits que Xinlong, la ville interdite, où s’approvisionner, nous avons campé trois nuits et mangé des petits biscuits et des petites peanuts. Un gentil moine nous amène au monastère entouré d’une poignée de maisons pour nous gaver de nouilles – c’est l’heure du lunch pour tous les moines aussi! Après il convient comme d’habitude de comparer les performances cyclistes de tout le monde

heureusement j’avais des bonbons pour remercier tout le monde

suite de la jolie vallée

 

avec des fleurs bleues

 

Le Barbu

 

Marina et la Nature

 

Fleur Bleue et Forêt

 

en route, si on s’arrête plus de quinze minute, de beaux enfants du monde arrivent enfin tout essouflés après avoir couru un bon kilomètre après nous

 

la tente est vraiment un secours pour notre longue journée vers Litang

 

 

+ de jolie vallée

 

J’avais lu quelque part que Sichuan était connue pour ses “abominable roads” et il s’agit ici de confirmer qu”ABOMINABLE” decrit bien la situation. Dans le présent carnet il s’agira d’illustrer en profondeur ce fait.

Voici donc l’illustration du 180 km de Shake & Bake après l’infâme Xinlong : un bon 2000 mètres au total de montée abrupte sur quelque chose qui ressemble vaguement à une route sous un soleil brûlant avec une petite pluie pour dessert à chacun des trois jours que ça nous a pris.

Shake. Bake. Shake. Bake. Bike.

 

On se consolait en se disant que ça doit être pire en minivan (oui il y avait des minivans)

km 80. Toujours super apic, toujours pas de répit, toujours plus loin, toujours plus haut.

 

Quand on voit une grosse pierre s’approcher de sa roue avant, on veut l’éviter, mais on n’y arrive jamais, par une curieuse déficience du cerveau

 

Et des montagnes, et des rivières…

 

 

ça reste pourtant joli

 

Après avoir acheté plus de peanut dans un village d’au plus une centaine de personnes, nous recontrons un gars sur une moto qui nous fait signe d’arrêter et nous demande d’ou on vient. Après qu’on lui explique qu’on vient du Canada, il dit Are you kidding et nous raconte qu’il a été envoyé étudier au Canada par une ONG Canado-Tibétaine qui a bâti une école dans son village, et que ça fait trois ans qu’il va à l’école secondaire à Toronto, et que ça fait trois jours qu’il est rentré à la maison. Tout le monde dit qu’il a l’air chinois à cause de sa peau épargnée par le soleil, et s’émerveille devant son laptops et ses histoires à propos des patates pilées et de la dinde qu’on mange dans notre lointain pays. Nous jasons avec lui une bonne heure, tout en ne faisant pas de vélo pendant ce temps et devons donc camper après seulement 53 km, au bord de la jolie rivière et juste avant la pluie.

 

+ de fleur bleue

 

Nous rions de découvrir à chaque détour une portion de la route encore plus ridicule que la précédente – ici une surface parsemée de bouts de sapin (?) et avec des gradients impossibles! Nouveau record de vitesse pour ces deux heures – 3.7 kmh. Peanuts et biscuits convertis en force brute!!

 

 

Les heures passent beaucoup plus vite que les kilomètres – c’est une des journées les plus difficiles de notre voyage, et nous sommes pas trop amicaux avec les locaux qui nous crient bonjour. On a pris trente secondes pour nous enfuir de ce petit gars qui examinait le vélo de Sigurd après avoir descendu le premier col (oh pourquoi descendre quand il faudra remonter!!! on en veut à la géographie, qui est responsable de ce design de relief???!!!!)

 

 

de l’autre côté on retrouve le typique plateau Tibétain – des camps de nomades, des yaks, de l’herbe

 

des chèvres

 

 

ehmm…… ça augure pas bien

 

après construction, apic, rivière et bouts de sapin : mer de boue! Wow!!!! malade

Le camion au loin est un autobus de police qui est resté pris dans la boue juste à côté de nous. Sigurd, en bon samaritain qu’il est, a déposé son vélo dans ladite boue et a été pousser l’autobus de police sans se douter qu’il y avait à l’intérieur plein de policiers qui voulaient juste pas sortir se salir les pieds! Quand le chauffeur a fini par les faire sortir dehors Sigurd était ébahi de les voir le regarder pousser leur voiture, les bras croisés. Finalement une couple d’eux sont allés pousser leur voiture eux mêmes, après quoi ils sont diligemment passés par la rivière pour se laver les souliers. What???

on croit être arrivés au paradis

 

pour rendre les choses encore plus drôle, tonnerre et éclairs se mijotent du côté d’où vient le vent. Aux premières gouttes je convaincs Sigurd de vite lancer notre tente par terre et on passe une demi heure à lire notre livre-de-voix-haute dans notre petite maison portable à attendre que l’orage passe.

 

c’est toujours très joli

 

 

finalement on arrive à une grosse route transcontinentale qu’on rêvait d’asphalte, de douceur et de pente douce – que nenni! Pour finir un énorme col nous attend pour les derniers vingt kilomètres, inutile effort car il nous faut – ô Géographie – le redescendre au complet pour arriver à Litang! Dieu des Transports! Tu auras tes vaches!

 

Litang, au bout d’un long coup de freins

 

 

Ici nous pensons assister à un festival de chevaux organisé non loin de là par les nomades, mais pour l’instant nous célébrons encore notre conquête de la vraie route Sichuanaise, étape 1, en mangeant du vrai repas au lieu des biscuits et peanuts.

Joie!

Nous avons aussi lu davantage sur la tuerie qui vient de se passer en Norvège et sommes restés horrifiés mais trop peu surpris devant les suspicions initiales : c’est encore un Arabe! Des Musulmans tabassés à Oslo. Des commentaires racistes. Au moins ils se sont trompés cette fois. J’espère que ce sera pour tout le monde un temps de reflexion qui mènera à plus d’ouverture, et non le contraire.

Sinon, j’espère qu’août sera pour nous un mois de réunions!!!

 

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