Foules en délire, me revoici avec un récit de vacances! Ce n’est pas que les aventures manquaient – l’hiver fut plein de merveilleux weekends enneigés, mais j’ai été trop submergée par la vie pour mettre des photos ici. J’attendais ces vacances de Pâques avec impatience, et elles ont été tellement grandioses que le retour se fait en force avec des centaines d’images!
Le plan était excellent et impliquait un combo de montagnes, de chers amis, d’escalade et de beau temps. En arrivant à Zurich, j’allais d’abord trouver Sigurd, qui arpentait la Turquie et l’Europe de l’Est depuis des mois à bord de son vélo, puis on allait se faire ramasser par Réto, dont vous vous rappelez peut être de mes aventures cyclistes chinoises telles que ma fête dans le Tiger Leaping Gorge. Après avoir passé la semaine chez lui dans sa petite vallée couronnée de sommets enneigés, nous allions rejoindre notre enfant Gouy fraichement installé en Autriche pour continuer la tradition des vacances épiques du trio MSG.
Ayant été séparée de tous ces gens depuis longtemps, j’étais très fébrile en quittant la maison décorée d’un gigantesque sac de ski bien rempli, d’un sac à dos plein de métal garantissant ma sécurité sur glacier et encombré en plus de speakers d’ordi pour expatrié, de bagels, de beurre de peanut, d’une tente-cadeau et de tire d’érable, et de mon bagage cabine me greyant la devanture.
Premier chapitre – la Suisse
Les retrouvailles de tous à Zurich en ce dimanche matin étaient merveilleuses! Long time no see mais personne n’a changé! Sauf quelques personnes qui se sont laissé pousser un peu de barbe…
Nous visitons les rues désertes de Lucerne en nous rappelant que le dimanche, il faut essayer de ne pas avoir des besoins qui impliquent l’ouverture de magasins
En chemin vers chez Reto nous arrêtons dans le magnifique village d’Interlaken, ou j’étais passée toute jeune lors d’un voyage en Europe assez flou dans ma mémoire ou j’avais visité cinq pays en dix jours. Ces maisons sont tellement en bois que lorsque le vent chaud et sec souffle des alpes, on interdit de fumer dans le village.
Il y a une vieille église au pied du lac entouré de montagnes
Arriver chez Réto avait satisfait tous mes rêves les plus fous – il habite dans une superbe vallée dans un village au nom poétique de Sharnachtal
dans une gigantesque maison en bois massif construite au 18e siècle
un beau jardin et des ornements vraiment émouvants comme ce pot de pensées et ce petit banc.
et avec cette vue
La raclette du soir s’inscrivait parfaitement dans ce fantasme suisse, et le fromage venait d’une petite fromagerie artisanale non loin de là, fournisseur officiel de raclette de la famille depuis des générations
On prend ça relax la première journée car je n’ai pas dormi une seconde de ma nuit d’avion, mais le lendemain matin on met les peaux sur les skis, on met les skis dans l’auto et on hit the hills!
Nous partons de chez Reto, un endroit spectaculaire, et nous traversons plusieurs endroits spectaculaires pour arriver à cet autre endroit spectaculaire au bout de quinze minutes d’auto.
Des sapins suspendus sur des falaises en surplomb, tout enneigés de la bordée de plusieurs jours tombée juste à temps pour mon arrivée, alors que le fond de la vallée et vert et chaud.
Nous sommes partis un peu tard et nous contemplons la belle poudre légère que nous verrons ramollir avant de commencer à descendre
Nous passons sous le drapeau suisse accroché sous une falaise en surplomb par les deux inventeurs Suisses de l’ascendeur sur corde. Un moment d’histoire!
Tout brille de mille feux, la glace qui fond, les pluies scintillantes de neige légère soufflée par les petits coups de vent
Nous sommes vraiment bénis par les dieux – j’arrive au premier jour de beau temps depuis longtemps, et il fait TRÈS beau
Salut la Suisse!
tout est parfait
On prend une pause à l’extérieur d’une hutte inhabitée ensevelie sous la neige pour faire découvrir à Reto son premier scotch de haute voltige. J’ai décidé de faire une folie et d’acheter pour le voyage une bouteille de Laphroaig pour agrémenter toutes ces parfaites journées d’une petite flasque de perfection. Meilleure décision de 2015! Reto est en extase. Nous regardons la belle vue en sirotant ce nectar froid, complexe et fumé
miam
…
on continue notre tour de plaisance
et il commence à faire chaud! Après un hiver très très très froid à Montréal (avec le février le plus froid en 115 ans),qui rageait encore quand je suis partie, je savais que j’aurais vite envie de sortir mon bikini dès que le mercure afficherait des traces de positivisme. J’ai CHAUD!
…
Nous rencontrons une gang de suisses qui prennent cette photo et à qui je parle dans un allemand beaucoup trop propre, incrédule devant le fait qu’ils comprennent ma pensée à partir des sons qui sortent inexplicablement de ma bouche (j’ai pas parlé allemand depuis des années!). Je pas mal confuse par ce fameux suisse allemand qui sort de la leur, qui franchement a très peu de ressemblance avec les langues que je connais.
En arrivant au sommet on célèbre avec plus de nectar magique et apparemment tous les gens au sommet sont un peu abasourdis par ma tenue légère. Mais on a vraiment eu un hiver très froid à Montréal.
Awww les gars!
Après une descente merveilleuse
nous revenons dans la chaleur de la vallée et nous mettons nos skis à sécher contre ce beau mur de maison suisse
après quoi nous buvons quelques bières et nous faisons cuire dans l’herbe qui vient tout juste de pousser
C’est maintenant le temps de l’interlude mode-pour-homme. Sigurd arrive dans la civilisation et découvre la société.
En fait, nous avons arrêté à la station d’essence pour acheter des steaks dans leur minuscule dépanneur. J’étais impressionnée de constater que des steak emballés sous vide étaient une des seules denrées réfrigérées que le dépanneur avait en stock! Nous nous dirigions vers le lac pour s’y baigner à la suite d’une idée lancée quelque minutes auparavant un peu en blague, parce que comme vous pouvez en juger par la couleur des montagnes derrière, l’eau était froide!
Armés de courage et d’esprit épique, nous avons déposé notre steak sur le banc de parc, enlevé nos tuques et nos manteaux de duvet et nous sommes immergés, tout crispés, en beuglant des cris de victoire. Après ça nous avons grillé notre butin avec du bois de grève un peu comme des itinérants, en faisant semblant que l’été était vraiment commencé. Nous avons mangé ce souper composé uniquement de viande de dépanneur grillée comme des vrais chasseurs en se passant le steak de dents en dents. Nous étions si heureux.
Jour 2 – on se lève tôt pour de vrai. Tous les jours subséquents de mes vacances ont commencé avant 5h AM, augmentant de 3h mon décalage horaire!
Nous arrivons à destination à l’aube, alors que la pleine lune se couche. La lumière est incroyable.
Ce matin là il fait très froid et nous avançons sur une neige complètement glacée et croûtée, fouettés par le vent. Je me sens un peu découragée et j’ai l’impression que je ne vais jamais réussir ce sommet, comme il m’arrive souvent quand je ne vois pas le soleil.
heureusement mes craintes se dissipent dès qu’on traverse enfin cette frontière bleue vers la lumière
Réto trace héroïquement les premières traces de la journée dans une neige difficile
Une fois arrivés au soleil je suis totalement rassurée par la dégustation des sandwich aux œufs que j’avais mis un temps et un amour fou à préparer pour nous tous la veille. Ça fait entrevoir à Sigurd un monde meilleur.
on continue, presque seuls, dans un glorieux paysage immense
Sigurd dans sa trace
C’est énorme, et il fait encore beau
Au sommet, pourtant très exposé et s’élevant presqu’à 3,000 mètres, il fait encore plus chaud que la veille, et il n’y a même pas un soupçon de vent! Nous nous mettons encore plus tout nus.
Le scotch traditionnel de la victoire et de l’amitié est parmi nous
La vue à 360 degrés est à couper le souffle et nous mangeons du chocolat suisse et des biscuits à l’Ovaltine en contemplant ces géants
Ensuite les gars se préparent à défier la gravité
Et nous descendons dans une poudreuse absolument incroyable, la plus belle de ma vie, un nuage doux, silencieux, élastique. Nous flottons dedans en 3D, en plongeant et émergeant des virages que nous traçons dans ce canevas vierge, devant un paysage grandiose complètement offert à nos pieds
Une fois descendus nous faisons notre baluchon pour aller visiter les vallées du sud ou se trouvent les montagnes les plus massives du pays, question de voir une amie de Reto et faire un petit roadtrip.
Pour passer sous la chaîne de montagnes, nous mettons le char sur un train à plateforme qui nous transporte pendant un quart d’heure dans un tunnel absolument noir.
Sigurd émerge totalement endormi de cette expérience
En arrivant à destination chez les parents de Rachel, j’ouvre immédiatement une boutique éphémère de linge qui pue mais je n’accepte pas les cartes de crédit
Reto et Rachel, blonds jeunes et énergiques, planifient la sortie du lendemain
puis nous allons faire une petite marche santé après le souper
et le lendemain lever à 4:00 AM. Nous partons à la noirceur totale, au clair de lune, et arrivons cette fois aux premiers rayons de l’aube.
C’est beau! Le matin promet, et il fait encore… 100% beau
Caméra de iPhone mais beauté du paysage
Cette journée là je trouve ça tough – probablement un mélange de fatigue et d’altitude (on monte à 3500m) mais je suis vraiment lente et je prends du retard sur nos amis. Sigurd m’encourage en me nourrissant de biscuits et en me disant que je suis bonne pareil mais je suis toute étourdie et un peu abattue. La montée est très glissante et glacée et les autres randonneurs ont l’air de souffrir un peu – on arrive même à l’aide d’un groupe de français tombés à terre d’épuisement en leur offrant notre flasque de petit remontant. Mais on y arrive quand même!
La nudité se multiplie!
La descente par contre a été fantastique alors que la neige a fondu au soleil, et nous arrivons au parking satisfaits. Nous montons immédiatement un campement gitan ou se passe sandwich, crème solaire, bronzage, pieds nus, chocolat et whisky pendant une bonne petite heure. On est bien dans le parking!
Pendant ce temps dans la vallée il faisait environ +1000C. Nous allons acheter une crème glacée avant de nous écraser, impuissants, sur la terrasse, complètement dominés par le soleil. Il est midi et on a tant accompli!
La prochaine destination du fantasme suisse c’est FONDUE! Pour ce faire il faut qu’on réussisse à attraper le fromager avant la fermeture et donc attraper le train-tunnel de 17h. On pousse la petite bertha tellement fort qu’elle surchauffe et nous abandonne brièvement. Les gars en profitent pour se chauffer autour du radiateur, une activité fraternelle ancestrale qui crée depuis la nuit des temps un lien indestructible entre deux hommes.
Nous réussissons! La perfection Suisse continue avec fondue, patates et barbecue.
Nous avons racletté, skié, nagé, gazonné, chocolaté, barbecué, et roadtrippé, et comme si ce n’était pas assez parfaît comme succession d’activités plaisantes, nous en avons rajouté en ayant grimper, parce que, comme d’habitude, il faisait encore beau. J’avais amené de Montréal mes souliers d’escalade dans un accès délirant d’optimisme mais je ne pensais pas vraiment qu’on aurait la chance de s’en servir. Faux! Alors que de douces fleurs du printemps émergeaient du tapis de feuilles mortes,
nous étions au pied de la paroi en t-shirt, contemplant le légendaire Eiger qui s’élevait de toute sa masse blanche à presque 4000m d’altitude juste en face de nous.
Premier barbecue, première baignade, première poudreuse et première escalade extérieure de l’année tout en 48 heures!
J’en profite pour prendre des belles photos artistiques mais le changement soudain de lentille fixe de ma caméra, de grand angle à portrait, me déboussole un peu je pense. La bouche me tombe à terre quand je constate cette photo de … noeud en 8.
Reto nous fait découvrir les très solides et très très très croquants biscuits suisses au zeste de citron, qui sont absolument les meilleurs biscuits que je n’aie jamais mangé de ma vie.
Et le saucisson est bon
Les biscuits sont légendaires en Suisse et nous procurent beaucoup de plaisir. Reto nous raconte même quelques épisodes cocasses de sa vie les impliquant, dont un gars dans son cours qui en mangeait et dérangeait toute la classe, car, l’ai je dit plus haut, ces douceurs sont extrêmement croquantes! Nous procédons ensuite à créer d’autres moments de vie merveilleux avec ces biscuits.
Sigurd n’y est jamais arrivé pendant toute la séance photo…
La roche est bonne
Rachel et son amie sont à la fois adorables et vraiment fortes!
Moi je subis de l’intimidation de mes pairs et je monte mon premier lead de l’année, plein de soleil, de peur et de chute!
nous sommes fascinés
allo!
Puis, nous décidons de créer un autre biscuit-memory en testant sa force en tant qu’ancrage
euh… concluant!! une corde de 70 mètres d’un poids de 4-5 kg est soutenue sécuritairement par l’aliment. Quelques jours plus tard, Réto a envoyé ces images troublantes à la compagnie de biscuits qui l’a recompensé en lui en offrant deux kilos gratuits.
Voila un autre après midi parfait
Nous nous rebaignons dans l’eau glacée, et nous passons une heure à juste lézarder au soleil sur le quai tout chaud sans dire un mot
tout en sirotant notre bière de temps en temps
C’est maintenant l’heure de la leçon d’allemand! 5 à 6 mètres cubes d’humus gratuit n’est pas ce que vous pensez. C’est pas bon sur les falafels. C’est juste gros tas de bouse de vache.
Vous savez bien que j’aime ça la nourriture, mais que la nourriture ce n’est rien à côté des Patates. Pour notre dernier souper, et à ma grande extase, Reto nous fait aussi une démonstration de son héritage national en faisant de vrais Rösti qui me font fondre de plaisir et m’émouvoir devant la versatilité de la patate et sa capacité à nous faire l’aimer.
Je suis si émue que je renverse du whisky sur la table, mais je le ramasse.
et pour dessert, autre spécialité suisse à la crème de noisettes, meringue, Baileys, crème fouettée et fraises dont le nom m’échappe, mais pour laquelle les Suisses ont un outil squeezeur spécial qui ne sert qu’à cela.
Sigurd n’y tient plus et veut sauter l’étape de l’assiette
On est trop contents!
Donc la Suisse, la météo et notre merveilleux hôte obtiennent des notes supérieures pour un cinq jours des plus parfaits que l’on ait pu espérer. Le pays ou on entend la radio yodler en roulant au pied des montagnes
Épuisés, repus, et excités devant la possibilité d’un autre plein de jours potentiellement tout aussi parfaits, nous prenons place dans le luxueux TGV Zurich Vienne. Prochain arrêt – merveilleuse Autriche! Restez à l’affût, le billet est déjà en rédaction!