Chili chéri

Nous sommes donc arrivés au Chili par le côté de Santiago, avec plein d’attentes envers cette ville qui ne nous a pas déçue!!! Belle et grande, elle est pleine de vie, avec des parcs, des gens dans la rue, des concerts gratuits, un marché merveilleux, une vue sur les montagnes de tous les côtés et des belvedères au centre-ville qui m’ont rappelé affecteueusement les après-midi au Mont-Royal.

Nous y avons passé toute une semaine avec un couple de CouchSurfers adorables – deux garçons qui s’aimaient beaucoup – en plein centre ville; le temps a passé vite à flâner dans les rues, parler toute la soirée avec nos hôtes et se prélasser au soleil. Le dimanche nous avons même organisé un petit pique-nique CS dans le parc, qui a attiré les foules (principalement chiliennes)!

Couleurs

Le musée de l’art Précolombien, apparemment fantastique, nous a laissé sur notre faim malgré les jolies têtes d’Incas

Sigurd essaie d’être photogénique sur fond de motifs

Le terrible tremblement de terre a Santiago a laissé une très petite quantité de dommages visibles dans la ville : malgré le fait que tout ait beaucoup bougé, il y a eu peu de verres cassés et il faut vraiment chercher pour trouver des fissures sur les bâtiments. Il faut remercier les normes du bâtiment qui interdisent les constructions qui ne resisteraient pas à un séisme de force 9. Même le gratte-ciel de cent mètres tout vitré n’a perdu qu’un petit balcon – autrement, ni une égratignure! Cette église, par contre, a eu moins de chance avec son clocher…

Nous avons aussi retrouvé notre ami de Torres del Paine à Santiago, qui nous a surpris d’un gros câlin en nous trouvant au parc! Nous avons trouvé avec joie de la barbe a papa et nous nous sommes baignés dans la grosse fontaine non loin de là!

À Valparaiso, nous sommes restés deux nuits chez une famille bien différente – très modeste mais avec la porte ouverte et avec plein d’histoires à raconter, malheureusement pour Sigurd toutes en espagnol. Cette femme a fait du pouce toute sa vie pour voyager, et il lui est arrivé de se sauver d’un camionneur en lui disant qu’elle devait aller se changer vêtements sexy dans la toilette d’un hôtel. Brave femme!

Valparaiso nous a malheureusement déçue, malgré l’amour que les Chiliens lui portent. Un peu trop décousu et sans intérêt pour nous, avec un port marchand vraiment laid sans aucun petit bateau à voile! :(

Certaines parties étaient quand même vraiment mignonnes

Nous avons quitté Valparaiso avec la mission intimidante de nous rendre jusqu’à la frontière Bolivienne en autostop – un peu timides nous sommes descendus dans les banlieues de Valparaiso pour tenter notre chance… après un bout de temps avec plein de voitures qui nous ont tous acheté des trucs – petits gâteaux, café, sandwich (!), notre premier camion, arrêté pendant un pipistop à une station d’essence, nous ouvre la porte.

Nous sommes chanceux et nous allons avec le monstre droit jusqu’à La Serena, notre prochaine destination. Le pauvre monsieur travaille les sept jours de la semaine en dormant 4 heures par nuit dans le lit de son camion! Il était super gentil et nous a raconté, à notre stupéfaction, que la femme au Chili n’est pas vraiment supposée travailler, et donc malgré la richesse naturelle du pays plein de filles choisissent d’être femmes au foyer avec un appartement sur le côté “au cas ou”.

À La Serena on occupe le sofa d’un être absolument extraordinaire – un vrai coup de coeur, encore une fois malheureusement impénétrable pour Sigurd, mais un homme en or. Immédiatement en le rencontrant, ses yeux pétillants et l’énergie dans sa voix et sa démarche m’ont enchantée – il est vraiment intelligent, généreux, curieux, sportif, intéressant et en plus de tout il danse le tango et la salsa, mesdames! Nous avons passé la nuit à faire le souper (c’est très Marinien n’est ce pas) et a parler. Juan Carlos! Bravo.

Le matin de notre départ, très tôt, Juan Carlos est gentiment venu nous déposer à une station d’essence à l’orée de la ville, nous souhaitant de tout coeur la meilleure des chances. Quelques minutes plus tard, un jeune camionneur nous embarque pour les 1000 km à travers le désert de Atacama qui nous séparent de la laide ville d’Antofagasta. Pas trop jaseux celui-là, et nous passons des heures à voir la route défiler devant nous et à fumer des cigarettes par la fenêtre ouverte, les cheveux mêlés par le vent sablonneux qui prend par torrents la cabine.

Il nous est étrange de défiler dans ce monde d’hommes – des mines de cuivre, des truck-stops ou mon entrée arrête les voix et les regards, des travailleurs routiers – et on les salue à bord du lion du désert, l’énorme machine rugissante qui dévore les kilomètres à grandes bouchées, centaine par centaine, on dévale les côtes sans vraiment pouvoir nous arrêter, on doit crier pour nous entendre par dessus le bruit du moteur, c’est magnifique!
Fatigués de la nuit dernière à 2 heures de sommeil passée avec Juan Carlos, le camionneur nous invite à faire un somme dans son lit double derrière son siège. Après quelques heures nous nous rendons et nous affalons, heureux, sur le moelleux et spacieux matelas, le toit à trois mètres au-dessus de nous, bercés par le mouvement de la route sous nous. Un sommeil de bébé…

On a été laissés à une station d’essence pour camions avec un trafic incessant au milieu de nulle part, car notre camion repartait encore plus au nord et nous devions nous diriger vers l’est.
La nuit est tombée, et nous demandons au chef de la station d’essence ou nous pouvons poser notre tente sur son terrain. Il nous indique gentiment une bande de terrain plat bordée par un mur de béton et un trou d’ordures, sous un lampadaire glauque et entouré de camions stationnés. Nous installons avec bonne humeur notre tente et allons manger un burger au petit kiosque de fortune bien bruyant de l’autre côté de l’autoroute, avec des grosses dames à tresses pressées de donner à tout le monde sa nourriture et son thé. Tous nous observent d’un oeil suspicieux bien évidemment alors que nous nous installons à une table chancelante couverte d’une nappe de vinyle pour déguster nos trouvailles. Je n’ai pas trop adoré ma trouvaille alors j’ai donné la moitié de mon burger au chien qui passait par là, mais pour qu’il ne soit pas trop gâté j’en ai aussi gardé un petit peu pour la poubelle.

Une fois dans la tente, nous avons joué aux cartes sous la lueur du lampadaire et les bruits de la station d’essence, en sirotant au goulot une bouteille de vin bon marché dont nous avons du vider les restes dans l’évier en PU le lendemain matin. Voici la chouette et pittoresque vue de notre porte.

En tout cas, nous avons pu nous rendre tout le long des 2000 km complètement gratuitement et en rencontrant plein de Chiliens intéressants et gentils qui nous ont nourris et abreuvés. Mission accomplie, et on adore le Chili.

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