Trois semaines de pure mer

Fraïchement aterris de notre grande traversée du plus long passage Pacifique, je profite de la grande lenteur de l’internet a 5 euros l’heure pour déposer ici quelques photos et nouvelles.

La traversée a été magnifique, nous avons eu un fort vent de derrière et on essayait plutôt de ralentir le bateau plutôt que de le faire aller plus vite.

Nous avons eu des nuages au début du passage, mais ensuite le temps s’est dégagé et on a enfin regardé notre premier coucher de soleil depuis plus d’un mois!! C’était à couper le souffle par dessus l’infini d’eau

Quelques minutes plus tard…

Les jours ont passé extrêmement vite et on a du mal à croire que ça fait déjà trois semaines qu’on est partis – il semble plutôt quatre ou cinq jours.

Nous avions plein d’activités à faire à bord, comme la pêche et la cuisine de succulentes dorades

du travail à faire dans le mât – heureusement c’est moi qui a eu l’honneur après avoir supplié intensément

salut! la vue d’en haut est géniale – mer scintillante de tous côtés et l’horizon impénetrable

C’était aussi mon anniversaire de 26 ans une semaine après le départ – un déjeuner de gâteau à cinq heures du matin – l’heure de mon quart, puis une baignade dans la mer (je n’ai pas réussi à attraper le boutte qui traïnait derrière le bateau, et comme on était en route j’ai vu le bateau s’éloigner en toute impuissance! On est vite revenu me chercher, mais la vision d’horreur de voir sa maison flottante partir sans que personne ne s’en doute est facilement imaginable – une expérience troublante). Toute la journée a été ensoleillée et tranquille et j’ai chanté en jouant de la guitare que Sigurd a trouvée dans une boutique obscure des Galapagos et cachée dans une des banettes jusqu’au jour ou elle est devenue mon cadeau. Le soir nous avons siroté du vin et mangé plein de petites délicatesses, et puis on a regardé un bon film! Avant le coucher du soleil les gars se sont déguisés en nous les femmes (avec un inquétant grand plaisir!) et nous avons lu la fin du poeme The Ancient Mariner ensemble. N.B. La cuisse appartient à Sigurd bien sûr – dommage qu’il me soit interdit d’afficher le reste de ces photos!!!

Le lendemain matin j’ai eu droit ENFIN à mon premier vrai lever de soleil après trois semaines d’efforts infructueux de chasser les nuages du matin. Les lignes de pêche scintillent dans l’or de l’aube

La grappe de bananes mûrit rapidement – bientôt le pain aux bananes, les crêpes aux bananes, les plats aux bananes…

Entre nous quatre c’est le capitaine qui a réussi à faire le meilleur pain, que tout le monde dévorait sans retenue pendant qu’il était encore bien brûlant

Un de mes projets spontanés a été de  passer un après midi à coudre des shorts en taie d’oreiller pour Sigurd. J’ai aussi une camisole en taie d’oreiller pour moi!

J’ai le quart de nuit à partir de la deuxième semaine et la noirceur apporte toujours plein de vent et donc plein d’action pour moi, ce qui est très divertissant. La plupart du temps nous avions donc 30 noeuds (56 kmh) et parfois beaucoup plus!

Le thé était une grande joie du quart de nuit

Autre grosse dorade

Autre coucher de soleil par mer forte

Un autre projet qui a pris quelque jours à la fin était de faire des dés de Yatzee à partir d’un bout de bois qui traînait dans la cale. Le premier dé a pris plein de temps mais vite on y a pris goût et à la fin je suis virée folle et j’ai décidé de mettre avec cinq couches de vernis sur une période de quatre jours!!! Ils sont maintenant tout beaux et brillant et font un petit cliqueticlic!

Je crois que je prefère les levers de lune aux couchers de soleil, aux levers de soleil, et à tout le reste. Celui ci, de la pleine lune, était absolument fabuleux – doux, lent, mystérieux, silencieux, c’était fou de voir la lune géante pleine d’une moelleuse couleur jaune qui irradiait subtilement sur le noir de la nuit et de la mer. Impossible de prendre en photo mais bon.

Vers la fin de la traversée je me suis dit qu’il fallait bien que je prenne exemple de notre Australienne qui pouvait être vue à toute heure du jour en bikini et en grosses lunettes de soleil, étendue à cuire quelque part sur le pont, soigneusement épilée à la pince, brune, mince par une soigneuse diète et un penchant pour les étirements de ballerine, et toute embaumée de Hawaiian Tropic, un livre à la main. Comme j’ai de la difficulté à atteindre un niveau de zen suffisant pour le bronzage, les bains et d’autres trucs similaires, je me suis dit que j’avais au moins besoin d’un Haut Lieu du Bronzage, ou les conditions étaient idéales – vue sur la mer, solitude et douceur de la surface de couchage.

Le point culminant du challenge transpacifique était atteint lorsqu’on s’est brusquement retrouvés sans gaz pendant le Jour de la Banane, avec une semaine culinairement exigeante en perspective.

Nous avons utilisé cinq moyens pour chauffer nos aliments:

1. Brûler du pétrole dans une cannette vide de pâte de tomate (méthode barbare et salissante sans dire dangeureuse – vite releguée aux oubliettes!)

2. Eau de refroidissement du moteur (qu’on faisait marcher à l’heure du thé)

3. Bonbonne de propane presque vide du fer à souder qui s’accordait magiquement avec notre brûleur de camping

4. Le Penny Stove que j’avais trouvé sur Google pendant que nous étions encore en Argentine et avec lequel j’ai pu impressionner la galerie en l’espace de dix minutes – le petit brûleur fonctionne avec l’alcool à friction et est confectionné avec deux cannettes de bière insérées l’une dans l’autre et perforées au bon endroit. Ceci fût notre source principale de repas tièdes mais nous n’avions qu’un tout petit peu d’alcool à friction dans la farmacie!

Et finalement, le bon vieux Axe.

À la fin nous étions tellement écoeurés de manger des boîtes de fèves au lard froides et de boire des tisanes d’eau moteur tiède que le festin d’arrivée que le premier Marquisien qu’on a vu nous a préparé dans sa maison sur la plage était une jouissance sans pareil – mais plus là dessus dans le prochain chapitre.

C’est toujours un grand dilemme de rester sur internet à raconter tout ça ou bien profiter du peu de temps qu’on a dans ces merveilleux endroits et je dois réserver l’histoire des Marquises pour une autre fois au profit d’un petit tour au village pour savourer la fin d’après midi, mais il suffit de dire pour l’instant que l’arrivée était spectaculaire, l’accueuil phénoménal, chaud, souriant, délicieux, musical, et tout ici est incroyable.

Prochain arrêt – Samoa Américain, ou je me déciderai à gaspiller quelques heures de plus devant l’écran! Merci à tous pour vos voeux d’anniversaire, c’était vraiment génial de vous lire malgré que vous soyiez tous si loin!

Apae Ma Te Tahia!

One Comment

Leave a Reply