Le premier atoll de ma vie : Toau

Le départ des Marquises de chez notre ami Mai était le plus déchirant de toute notre année de voyage, excepté le debarquement du Bel Espoir. Nous sommes sortis de la baie voisine et nous l’avons salué longtemps depuis notre bateau, jusqu’à ce qu’on ne le voie plus, et ensuite les dauphins ont accompagné notre sortie. Lui il nous a vu devenir plus petits, monter notre voile, puis il a entendu notre corne de brume et le dernier adieu par radio et puis nous sommes disparus tranquillement à l’horison. Un phénoménal bris de coeurs. Tous les jours depuis je suis en train de machiner un moyen de revenir bienôt. Il faut toujours revenir pour prouver la vraie amitié.

Pour les 1000 km jusqu’à la prochaine terre nous avons eu beaucoup de vent et même des rafales a 70 kmh, ce qui était interessant! La première destination était l’archipel des Tuamotu, ou on nous a recommandé un petit atoll nommé Toao, populé de deux petites familles sans enfants.

C’était très joli même si plus rien dans tout ce grand océan ne peut plus faire concurrence aux Marquises.

Nous avons passé quelques jours là, aux côtés de ce vraiment très cool bateau israélien, à socialiser et à essayer de décoder les gens étranges qui peuplaient le microvillage : accueillants mais absents, généreux mais pour certaines choses seulement, sociables mais indechiffrables.

Sinon, seulement relaxer un peu au soleil

La maison de la famille est aussi un restaurant ou, pendant la saison, ils accueillent plus de mille bateaux. Ils devaient être un peu fatigués après la fin du gros rush (on est vraiment en retard dans notre horaire!) et le restaurant était “fermé”, quoiqu’on nous a vendu une grosse langouste à déguster sur notre bateau. Devant la maison, il nageait plein de raies et de petits poissons multicolores.

Notre ami Crabman (je sais même plus son vrai nom) nous a amené dans une grande confusion sociale et spatiale et en partant nous étions presque soulagés de ne plus avoir à passer des heures à essayer de comprendre ce qui se passe. Il tient en main un des gros crabes qui vivent dans les atolls de la region.

Valentine et son mari Gaston, les proprios du resto, ont aussi grandement aidé à contribuer à notre confusion. Valentine peut plonger à plus de 20 mètres pour pêcher et ramasser des perles et elle est née sur la petite île. Je sais vraiment rien de Gaston!

Après quelques heures dans cet endroit on se rend compte de tout ce qui rampe autour – on a l’impression qu’une roche sur trois finit par se lever, sortir des petites pattes et deguerpir a grande vitesse vers d’étranges lieux de rassemblement ou d’autres petites pattes se joignent sur une mystérieuse autoroute. Nous avons observé des Bernard l’hermite de toutes grosseurs et passé une couple d’heures à les faire participer à des courses à obstacles et d’autres epreuves de force et de vitesse. Et l’habit ne fait pas le moine! J’ai surtout beaucoup de respect pour le petit crabe rose qui était super intelligent et se sortait de toutes sortes de situations en apprenant les impasses et les difficultés alors que ses gros copains rouges se dandinaient paresseusement en se heurtant toujours à la même roche. Go petit rose! Je pense que c’est encore plus le fun que les Légos.

Après les crabes on a eu faim, on a ramassé un coco par terre et on l’a mangé.

Le utu, ou la chair laiteuse, ultralégère et effilochée du coco germé, est utilisé dans le Pacifique pour plein d’exotiques recettes. À bouillir, à piler, à faire des crêpes, du pain, ou même à manger cru après un lendemain de veille.

Hamac lit, hamac chaise, je suis occupée à me fasciner devant Huis Clos de Sartre tout à l’abri de la chaleur.

La fameuse langouste – je dois dire qu’elles sont beaucoup plus sucrées dans les Maritimes, mais c’était quand même un dîner des rois

Encore plein de rafales soudaines et spectaculaires en partant de l’archipel quatre jours plus tard. On passait notre temps à essayer de ralentir le bateau

Sigurd et moi dans notre place de choix pour le coucher de soleil.

et finalement, après trois semaines cumulées en quart du matin, j’ai un lever de soleil! Mieux tard que jamais… l’aube est un grand sentiment : seul dans le cockpit on découvre la première lueur et lentement on la guette et on la regarde s’affirmer, puis, en silence, tout apparaît et change de couleur, les roses et les jaunes arrivent dans les nuages d’altitude, puis tout se couvre soudain d’une lumière forte et dorée quand le soleil sort finalement de l’horison. On jette les lignes de pêche, la nuit est terminée. On se fait un café en solitaire dans la fraîcheur du matin, on enlève sa chemise.

One Comment

  1. Ser ut som dere bare koser dere ja :) Så mange flotte bilder – og så kjekt å se dere ! Å, så brune dere er! Ser ikke ut som folka der nede lider noen nød akkurat – litt av noen typer – artig ! Kos dere videre. Stor klem fra me og hilser fra Arild

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