Les pluies torrentielles sur Fiordland nous ont donc empêché d’explorer ces beaux fjords et montagnes pendant des semaines déjà, et la seule fenêtre de beau temps qu’on a trouvée était du 31 décembre au 1er janvier… Nous aurions bien voulu fêter la nouvelle année dans un endroit avec plein de célebrations (surtout que la Nouvelle Zélande est la première à commencer la journée avec son super fuseau horaire 12 h avant Londres) mais la montagne nous a donné rendez-vous!
Arrivés à Te Anau, nous avons fait nos recherches sur les possibilités de faire une belle marche dans le bureau local du département de conservation. À notre grande surprise, les gentilles dames qui travaillaient là n’ont jamais mis le pied sur une montagne et ne pouvaient nous renseigner que sur des sentiers tellement battus que des autobus s’entassent sur leurs stationnements le matin, comme l’infâme Milford Track, réponse néo-zélandaise au Inca Trail du Machu Picchu. Il n’était pas question qu’on paie des centaines de dollars pour aller trotter sur les ponts, planches et escaliers d’une autoroute pour amateurs du paysage no. 1 de la NZ donc nous avons passé la journée à la bibliothèque en recherchant quelque chose qui n’ait pas été complètement inondé par les pluies de décembre, et qui soit aventureux et merveilleux.
Les Darran Mountains, les plus hautes et dramatiques de ce coin du pays, contiennent plein de classiques locaux complètement ignorés des touristes et nous avons opté pour une montée au Barrier Knob et une redescente au premier bivouac de ma vie, Phil’s bivy, en passant sur le col Adelaide et le lac du même nom.
La veille de notre départ, à notre approche de Milford, le temps était encore pluvieux mais avec la promesse du bleu
Les bons rangers au refuge du départ nous ont arrosé d’encouragements, nous promettant un super voyage – nous avons décollé vers les 8h en attaquant les 1300 mètres de montée dans un brouillard troué d’éclaircies avançant à une vitesse folle dans les vallées. Tout près du refuge, une toute jolie et claire rivière descend des glaciers
Ce curieux kea nous a accompagné pendant une vingtaine de minutes.
La montée vers le premier col nous a recompensée d’une super vue dans la vallée
vue du Gertrude saddle
le granit des Darrans accroche bien à nos semelles malgré le mouillé
et Calle, en expert, se nourrit expertement de trailmix arrivé au lac
en machines nous avons gravi notre premier col en la moitié du temps requis – il nous reste alors seulement un sommet, un autre col et une descente
tout d’un coup un tout petit et rapide trou dans les nuages nous montre le sommet que nous devons gravir le voici et la seconde d’après le voilà disparu
et une soudaine grandiose vue vers le Milford Sound! oh
je suis amusée du kea qui nous suit toujours
ensuite il n’y a plus de sentier et commence un bout sur plein de roches neigeuses ou on ne voit pas ou on va
puis on s’arrête devant une inévitable étendue de neige à peut être deux cent mètres verticaux du sommet. Pour être sûrs de retracer nos pas si on rencontre un problème on se fait un joli petit inukshuk
nous montons donc le reste en nous faisant des marches dans la neige avec nos petites espadrilles (oui vraiment tout est possible en espadrilles!) un peu stressés de ne pas glisser vers la mort mais tout a super bien été et en deux temps trois mouvements on était au sommet en train d’observer les nuages se dissoudre sur un panorama fou fou fou
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les séducteurs et Don Juans
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ci dessous on voit le Adelaide pass, juste avant l’infernale descente
Sigurd digère son chocolat
il est possible en une journée de faire une traverse sur tous ces sommets, mais malheureusement pour nous pas d’autres fenêtres de beau temps!
oh à la minute ou j’ecris ceci j’ai vécu mon premier tremblement de terre (echelle 3, une seconde) apparemment un évènement extrêmement commun en Nouvelle Zélande… yay!
Voici la belle vue en descendant vers Adelaide Pass. À tous les dix minutes un hélicoptère ou un avion passe dans la vallée sous nous, plein de gens qui ont payé 500$ pour voir ce paysage.
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une grosse descente qui fait mal aux genoux
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une dernière vue de Milford Sound avant de plonger dans le cirque d’Adelaide
que voici, avec au centre le Lake South America qui porte décidément bien son nom
le deuxième grand défi de notre voyage était la descente de l’infâme Gifford crack, le seul endroit ou il était possible (mais tout de même effrayant) de descendre la face rocheuse sans avoir à faire avec un mur vertical complètement lisse
de ce type
heureux d’avoir terminé avec tout cela nous apercevons le bivouac “tout près” – malheureusement des centaines de mètres de jungle de trous et de plantes piquantes nous en séparent. Ceci fut pris en essayant de trouver des points positifs à la vie après être tombée dans un trou d’une grosse roche
encore un peu! mais nous sommes vraiment impressionnés par les environs
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les dernières heures de 2010
nous arrivons enfin au bivouac, quelques énormes rochers qui forment deux grandes chambres, le luxe total en plus que les gens y ont arrangé des “lits” en herbe bien plats
la vue
et c’est l’heure de la relaxation
2011 ne fut donc pas fêtée car après beaucoup d’hésitations nous n’avons pas amené une goutte de champagne. Au menu un assez affreux macaroni au fromage, et c’est dodo à neuf heures.
voici notre beau lit!
Pour le temps des fêtes Sigurd s’est acheté de nouvelles chaussettes pour remplacer sa paire de 2010
Le lendemain le matin était complètement bleu et nous avons amorcé notre safari dans la jungle. Au début la jungle était très mouillée et piquante et pas très haute et nous pouvions donc diluer notre insatisfaction en regardant autour.
Avoir les pieds déja mouillés était super liberateur car on pouvait le coeur léger marcher directement dans les rivières
les rives du lac Adelaide
joli
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joli
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explorateur
amitié
folle falaise d’une centaine de mètres d’ou on a lancé plein de grosses roches dans le lac
petite pause noix
dernière bouchée d’air avant le forêt impénetrable
on évalue nos possibilités
un dernier bout d’herbes non hautes
avant de plonger dans les méandres croustillantes et vertes
incroyable mais vrai
incroyablement après trois heures à essayer de garder la même direction dans cette forêt nous avons abouti à la rivière qu’on cherchait …. seulement elle coulait dans la mauvaise direction! merde… après un moment de panique modérée nous avons tout compris alors que la rivière a tourné
on émerge finalement dans un endroit qu’on reconnait! excellent maintenant, complètement gonflés de fierté et d’heroisme, nous nous lançons à la recherche du sentier qui commence non loin de là
YEAHHHHH!!!! yeah, yeahhhh!!! YEAH!
Trois heures plus tard, mouillés et arrosés de l’autre système depressionnaire arrivé en soirée, nous traversons ce très cool câble
et apprécions la mention “bullshit” sur cette pancarte du département de conservation.
Un voyage génial et nous sommes 100% satisfaits, en plus d’avoir découvert que dans la vie la pire forêt peut être praticable.