Nous avons donc passé les quatre derniers jours de juillet à Litang à se réveiller tard, manger, regarder une saison entière de The Wire et profiter de l’incessante pluie pour être à l’intérieur, en attendant le festival de chevaux le 1er août. Notre chambre reste très organisée. En plus nous venions de (re)découvrir le plaisir de manger des graines de tournesol : t’achètes un petit paquet de graines de tournesol et voilà t’as de quoi t’occuper pour toute la soirée, en plus de générer une montagnes d’écailles quatre fois plus grosse que le sac de graines initial.
Ici on a vu des centaines d’étudiants chinois avec des vélos de montagne qui font Chengdu – Lhasa en groupes de sept. C’est rendu tellement gros que quatre – cinq mille Chinois font ce pélerinage à chaque année, je ne peux même pas m’imaginer comment on est supposé faire du vélo en si gros groupe, mais ils se soumettent sans broncher aux longues journées, aux compromis et aux horaires stricts. J’étais un peu écoeurée qu’ils nous demandent tout le temps si on va aussi à Lhasa sans savoir que toute la région autonome du Tibet est fermée aux étrangers. N’ont t’ils pas remarqué? Ne leur a t’on pas dit? Savent ils qu’il y a un conflit? qu’il y a des gens qui se brûlent vivants? Argh. Mais ils sont sans mauvaises intentions avec un sourire. Maudit.
Aussi les gens viennent ici pour, croyez le ou non, assister aux “funérailles du ciel”, ou un gars découpe le mort en petits morceaux et expose toute la bouillie aux oiseaux de proie qui s’en occupent rapidement. Y’a des gens qui viennent à Litang juste pour ça, font une vidéo tremblante avec peut être un commentaire con sur leur petite caméra (j’ai rencontré un américain qui voulait me montrer le sien, j’ai refusé), passent la nuit dans une auberge puis quittent au petit matin le jour suivant. Choquant!
Nous avons eu une agréable surprise en visitant le monastère, ou les peintures couvraient les centaines de mètres carrés de murs et plafonds des trois gros temples sans rien sacrifier en détail époustouflant.
Ici, la roue de la vie. Remarquez les dégradés de couleurs! un truc comme ça prend un an à faire et l’art revit avec les quelques maîtres qui ont survécu à la Révolution Culturelle. J’arrive pas à croire qu’on ait pu avoir le coeur de brûler un truc comme ça!
Un gros Buddha!
…
…
une des colonnes
un portique
une douzaine de Buddhas trônent dans un grand silence qui sent l’encens
orné orné
le détail du chemin de la purificatino ultime : de singe noir à éléphant blanc!
la salle de méditation
les moines confectionnent ces offrandes à tous les jours à partir de beurre (!) et tsampa (la farine d’orge grillée). À tous les soirs, on les sort sur le toit en proie aux oiseaux.
Nous rencontrons Chantal, une Française qui préfère résolument la Chine à la France depuis déjà une douzaine d’années (elle enseigne le français à Kunming), et qui nous explique dûment plein de trucs qu’on voit dans le monastère, qu’elle a visité plus de cent fois déjà en passant par Litang. Elle nous amène dans la seule partie du complexe qui n’ait pas été brûlée dans les années 60.
Avec de vieilles statues pleines de charactère
Le premier août c’est finalemnet le festival de chevaux et nous nous rendons dans la prairie voisine pour participer à l’excitation générale. Il y a quelques blancs avec d’énormes caméras qui prennent des photos “authentiques” d’un “vrai enfant tibétain au regard lointain” etc. (comme moi; je me console qu’au moins ma lentille ne mesure pas un demi-mètre) et font comme s’ils étaient les plus importants et intouchables du monde en se mettant au milieu de tout et devant tout le monde agglomérés en petits mottons, mais heureusement ça reste pour l’instant un événement purement tibétain assez inconnu aux étrangers.
la veille, tous les chevaux ont fait le tour du monastère et se sont fait bénir par les moines
cute!
un cowboy
un brave jeune
une tignasse
une vieille
un moine dans son chapeau Gelugpayen
Le jour J, au début de tout, un petit coup de Ricola
puis pendant quelques heures les foules arrivent tranquillement, et on inspecte les chevaux
L’évènement attire des milliers de Tibétains de tout le plateau, et probablement beaucoup de vieux amis se retrouvent
tout le monde arbore leurs habits du Dimanche, à notre plus grand plaisir
tout le monde fait l’expert
on passe du temps à seller
on pratique ses techniques
on rit bien
puis la foule se fend en deux comme les eaux de Moise et sous un vacarme de cris et sifflements
les premiers coureurs apparaissent
je n’ai pas pu prendre le temps de trop choisir ici, alors voici un peu en vrac des images de la course
incluant moine! bride ou extrêmement longue manche fait office de cravache
Ils sont fous ces tibétains! On ne pensait pas voir ça, mais après un bout de temps les cavaliers ont commencé à plonger vers le sol en pendant seulement par le bout de leur botte droite du cheval galopant, faire trois petits sit ups puis remonter en selle. Fou!
et on se rasseoit.
la belle foule
la populace fait religieusement le tour de la tente qui fait office de monastère
un petit gars de dix ans!
autre véhément moine
celui là n’aimait pas trop la foule
Eeeeeeeeeeeh!
Course effrenée : qui gagnera?
un vrai enfant tibétain au regard lointain. Non en fait un ptit gars qui était devant moi et qui était vraiment intéressé par ma caméra.
encore une fois chaude bataille
Autre stunt… mais je pense que ce gars la est tombé, provoquant une gentille hilarité générale.
belles bottes
après une heure, les moines ont déposé sur le sol plusieurs foulards sacrés avec des trucs attachés après – des petites gâteries, des bouteilles de Coke. Celui-là a décroché le gros lot!
omg!
il y a une chanson russe qui me fait penser à ça, qui parle d’une poursuite dans un sang bouillant
hop
longue manche = cravache et la bonne attitude!
belle foule! Si on avançait trop, un moine féroce venait fouetter les rangs avec un gros fouet de lanières multicolores! ouch! et les cavaliers balançaient (pour une raison quelconque) des mottes de terre vers la foule
allez petit!
les jolies dames!
à la fin notre jeune voisin de foule nous a invité dans sa tente, ou nous avons passer tout l’après midi à manger des momos, boire de la bière et craquer des graines de tournesol en lui parlant dans un anglais simple de ses voyages et de la vie au Tibet. Sa famille:
au coucher du soleil, au Tibet, on danse
tout en rond
…
genre de chanson à répondre
les belles tites filles!
les dames
autre enfante qui était intéressée par ma caméra
Sigurd et notre nouveau pote
et sa famille
la barbe, mesdames et messieurs, a aujourd”hui été rasée, ainsi que la tête! omg
avec tous dans la tente
beaucoup de graines fûrent mangées
voilà voilà, une superbe journée, malgré la pluie qui n’arrêtait pas.