Finissons-en avec la Chine pendant que l’incroyable ennui nous saisit à cause des pluies qui s’acharnent sur nous ici. (Nous avons maintenant regardé deux fois le même épisode de MasterChef, une moitié de The Bachelorette, tout l’hommage de National Geographic sur les évènements de 9.11 et on est écoeurés.)
Nous avons donc passé une superbe dernière semaine dans le sud de la Chine dans un paysage complètement fou de montagnes et de trous et de cavernes et de belles routes par moments dont je fais ici l’exposition:
tout bonnement, à un détour, on aperçoit notre naturel tunnel
très Chinois
Sigurd s’enfonce dans les pluvieuses merveilles
autre photo pareille
dude transportant des poulets
il fait très chaud mais Sigurd refuse d’être topless
vu par hasard. On a vraiment choisi nos routes au pif.
II
III
IV
V
VI
Nous arrivons à un éboulis qui bloque complètement la route : un énorme tas de roche, plein de marteaux piqueurs, il a l’air d’en avoir pour une semaine. Nous bravons les monsieurs de la construction, prions le bulldozer de faire pause et transportons toutes nos affaires de l’autre côté avec succès.
Sigurd demande le chemin
bientôt il n’y aura plus de riz
une libellule extraordinaire!
autre énorme rocher percé
on fait encore une fois très missionnaires. Je suis bien à gauche de Sigurd, comme sur toutes les photos jamais prises de nous deux.
II. pris avec ma caméra par des chinois vraiment exaltés qui avaient une grosse 5D et des lentilles L
Vietnam à 80 km
le matin de la frontière : notre adieu d’avec la Chine
il fait déjà vraiment vraiment chaud et c’est tellement vallonneux… on espère y arriver
le premier signe routier vers le Vietnam se trouve à 2 km de la frontière, ce qui a fait qu’on était obligés de demander “bonjour, Vietnam, quelle direction?” vraiment plein de fois, et suivre les index tendus.
Traverser la frontière à vélo était vraiment un sentiment nouveau. Évidemment tout le monde était vraiment surpris de nous voir pédaler tout bonnement vers le poste frontalier comme si on allait à l’épicerie. Les douaniers étaient super gentils et, pendant que tout le monde devaient passer leurs bagages à travers d’innombrables rayons X, nous avons pu rouler directement vers la sortie sans question aucune et voilà, tout d’un coup, un nouveau pays. En quelques centaines de mètres, tout change : l’attitude du trafic, les gens qui nous crient Hello de nouveau, l’alphabet, l’argent, les vêtements, la bouffe. Nous sommes intrigués alors que nous pédalons les 15 km jusqu’à notre première ville Vietnamienne. En trouvant un hôtel, on frappe soudain un mur : on ne sait rien dire. On sait pas demander combien ça coûte, ni comprendre la réponse, ni bonjour, ni quelle direction, ni manger, ni oui ni non. Rien! On se rend compte à quel point on parlait bien chinois. Bref nous réussissons à trouver cet hôtel, ou, après une douche et un photoshoot, nous montons à l’aide de mon iPod et de notre petit guide de conversation une leçon de Vietnamien d’urgence ou on a appris à compter, dire bonjour, et à déchiffrer cette monnaie nouvelle avec tellement de zéros dessus (je ne suis toujours pas, il faut tout diviser par 2 200…). Pour faire plus drôle, le Vietnamien a six tons au lieu de quatre, comme en Chinois. Heureusement que tous les mots ont une syllabe, mais ça fait pas beaucoup de choix de mots, ce qui veut dire que la plupart des syllabes ont six significations possibles selon tous les six tons. Ce fût déjà vérifié. Mes chants auprès des locaux se sont intensifiés. Pho. Pho-o? Pho! Pho… Pho, Nous avions peur de sortir dehors et affronter le monde alors nous avons juste fait plus de photos
type Twilight
Finalement nous avons réussi à amasser assez de courage pour sortir et chercher de la nourriture. Ça a pris un bon deux heures – tout semblait être fermé, et c’est l’histoire de notre vie depuis le 6 septembre. On arrive vraiment pas à comprendre à quelle heure on mange quoi – il semble qu’on déjeune avec une soupe pho de 6h à 8h et ensuite il n’existe aucune nourriture jusqu’à midi, ou on peut trouver une baguette avec un oeuf dedans. Cet après midi nous avons fait plus de dix km avant de trouver du pain. Peut être qu’on est juste vraiment des pas bons, mais je vous dis que le Vietnam, sur l’heure du repas, ça pardonne pas!
En tout cas, le lendemain nous sommes allés voir cet extraordinaire temple/caverne tout près de Lang Son ou on a passé la nuit, et depuis Kunming nous n’avons toujours pas vu de blancs ou même de touristes asiatiques.
énorme
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autel
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beaucoup de lotus pour la pureté
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c’était interminable, salle après salle d’énorme caverne
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au moins une chose nous réjouit constamment : le café. Ici, nous nous rafraîchissons de cette bonne concoction bien forte filtrée dans cet élégant et simple dispositif et additionnée de lait condensé sucré. Ça coule goutte à goutte dans le verre.
Je viens de faire au moins dix crises d’hystérie car le trafic ici est complètement fou : les klaxons n’arrêtent pas, tout le monde roule partout sans regarder, les autobus te coupent, les motos sortent à pleine vitesse d’une ruelle cachée et moi, je sacre à pleins poumons après tout le monde, ça me fait du bien. En bon québecois. Ben oui c’est ça maudit con mets toi devant moi de même, c’est pas graaaaaaaaave! En dépassant un camion qui allait ben trop lentement je me suis fait surprendre par une onde de choc qui m’a traversée le corps : son pneu arrière venait d’exploser à un mètre de moi. Pédale, respire.
Ça sert même pas à rien d’être fâché ou d’essayer de leur faire comprendre quelque chose : j’imagine qu’on est comme des paysans des fins fonds de la jungle de Nouvelle Guinée qui ont jamais vu une auto et qui arrivent à une intersection à Oslo. J’imagine qu’il trouverait que tout le monde se comporte en fou en conduisant à 50 kmh. En tout cas, il y a de l’adaptation à faire… Café donc : 10 points!
encore meilleur avec plein de glace dedans. à faire à la maison! espresso double + une cuillère de lait condensé + verre de glace.
mais il pleut, il pleut. Je sèche mon scandaleux lycra de la fenêtre de mon hôtel.
Si Dieu le veut, il va arrêter de pleuvoir et on va voir la mer. Selon les cartes, on était censés avoir rendez vous il y a déjà trois jours, et nous nous dépêchions vers la côte à pleine vitesse, anxieux et excités comme en courant à un rendez vous avec un vieil ami qui habite très loin. Mais l’ami n’est pas venu, même si le sel et les algues sont dans la brise, dans nos narines. L’océan est caché par une baie très ajourée et très étroite, couverte d’industries et d’autoroute. On va prendre un bateau quand la pluie arrêtera, et dans quelques jours nous serons à Hanoi avant de nous aventurer vers le nord.
Inch Allah!